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Dans un jugement rendu en juin 2018, le Tribunal des professions se prononce sur le processus qui doit être suivi par un Conseil de discipline lorsque ce dernier est saisi d’une plainte fondée sur l’article 149.1 du Code des professions, et doit statuer sur l’existence ou non d’un lien entre une infraction criminelle pour laquelle un professionnel a été déclaré coupable et l’exercice de la profession. Il s’agit d’un test en deux étapes, dont la première consiste à déterminer si les infractions et les circonstances dans lesquelles elles ont été commises mettent en doute des qualités nécessaires pour l’exercice de la profession. La deuxième étape est de prononcer la sanction appropriée eu égard à l’ensemble des circonstances du dossier (Comptables professionnels agréés (Ordre des) c. Nareau, 2018 QCTP 60).
LES FAITS
En 2011, le comptable professionnel agréé est un jeune homme réussi qui, alors qu’il est intoxiqué par la cocaïne et l’alcool, poignarde son ami. Il retourne travailler le lendemain et est arrêté à son retour au domicile. Lors de son arrestation, il explique que la victime lui a violé, attaché et humilié, mais qu’il n’avait pas de justification pour les gestes qu’il a posés. Le comptable, à la suite d’une thérapie ordonnée par la Cour en 2012, reprend sa vie en main, notamment en s’inscrivant au tableau de l’Ordre des comptables en management accrédités du Québec et en travaillant comme contrôleur financier par un parti politique qui lui donne une deuxième chance.
En 2014, le comptable fait une rechute et est suicidaire. Il est arrêté et accusé de voies de fait, possession de cocaïne, et bris de condition, accusations auxquelles il plaide coupable.
En janvier 2016, le Conseil, décidant que les infractions criminelles pour lesquelles le comptable a été reconnu coupable n’ont pas de lien avec l’exercice de la profession, rejette la plainte du syndic adjoint. Il précise que les infractions, bien que hautement répréhensibles, ont été commises dans l’environnement de la vie privée du comptable et ne mettent pas en cause les qualités essentielles à l’exercice de la profession.
La décision du Conseil de discipline est portée en appel par le syndic adjoint. Le comptable ne participe pas au débat d’appel. La question soumise concerne essentiellement le processus visant à établir l’existence d’un lien entre les infractions criminelles dont un professionnel a été reconnu coupable et l’exercice de la profession aux termes de l’article 149.1 du Code des professions.
LE JUGEMENT DU TRIBUNAL DES PROFESSIONS
Après avoir tenu compte des arguments invoqués par la partie appelante, le Tribunal des professions tire les conclusions suivantes :
LES LEÇONS À RETENIR